Défaite attendue pour le gouvernement japonais

Comme le prévoyaient déjà nombre d'analystes, le scrutin du 12 juillet dernier pour l'élection de l'assemblée métropolitaine de Tokyo a été sanctionner par une défaite sévère pour le PLD (au pouvoir depuis un demi-siècle) et pour son allié, le Nouveau Komeito qui ne progresse pratiquement pas et fait les frais de son alliance. Le DPJ (Democratic Party of Japan) est le grand gagnant de cette consultation test avant les élections législatives programmées pour cet automne.

Je reviendrai sur les chiffres des différentes factions dans un autre billet dès que les résultats officiels seront publiés. Mais dès à présent, on peut observer que le DPJ gagne 20 sièges, le PLD en perd 10 et le Nouveau Komeito en gagne 1. Les 15 sièges restants reviennent à plusieurs formations périphériques ou indépendantes. Cependant avec seulement 54 sièges sur les 127 que compte l'assemblée métropolitaine, le DPJ n'obtient pas l'a majorité absolue.

Ce scrutin a une portée double : celle de préfigurer la prochaine consultation électorale japonaise de la chambre basse de la Diète et celle de dresser une nouvelle carte politique. Pour le PLD, le résultat est un net recul tant aux yeux des électeurs qu'au sein des petites formations politiques. La victoire régionale du DPJ se fait aussi bien au détriment du PLD qu'à celui, plus douloureux, de l'habituelle mosaïque d'indépendants et de sensibilités minoritaires. Pour le Nouveau Komeito, le poids de l'alliance politique avec le pouvoir en place est déterminant et freine toute possibilité de progression, l'électorat japonais non-acquis percevant le Nouveau Komeito comme une branche du PLD. Pour le DPJ, la victoire réside plus dans sa capacité à réduire la dispersion et l'émiettement de l'électorat et de mobiliser les indécis autour d'un programme d'alternance politique.

Au lendemain de cette élection, force est de constater que l'appel à l'alternance a été entendu et qu'il profite pleinement au DPJ qui apparaît désormais comme la seule force d'opposition nationale. L'électorat japonais n'en peut plus d'un demi-siècle de règne du PLD. Pour le PLD, l'heure a sonnée de faire peau neuve et de renouveler son appareil politique au risque de déplaire aux ténors, de subir un revers électoral aux prochaines élections et de changer de culture politique (c'est-à-dire sortir de l'interminable succession de scandales politico-financiers). Pour le Nouveau Komeito, qui aurait tort de se réjouir d'avoir gagné un siège, l'heure est aussi au bilan.

Entièrement articulé sur la base électorale de la Soka Gakkai (mouvement bouddhiste laïque), le Nouveau Komeito a su faire la démonstration dans la crise politique que traverse le Japon qu'il pouvait et savait maintenir un électorat mobilisé et soudé. En revanche, il fait également la preuve de ses limites, car en temps de crise, l'absence de progression marque le recul. En termes bouddhiques, c'est une stagnation. C'est là, le prochain défi du Nouveau Komeito et plus généralement de la Soka Gakkai au sein de la société japonaise. La question qui se pose désormais pour les deux formations, c'est la portée réelle et effective du message bouddhique de l'organisation religieuse.

La prochaine élection, qui pourrait être avancée en cas de démission de Taro Aso ou de dissolution de la chambre basse, sera donc le théâtre des multiples transformations de la société japonaise.

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