Démocratiser Soka Gakkai en France (2)

Cette nouvelle série est la publication d'un certain nombre de propositions faites à la direction des institutions associatives de la Soka Gakkai en France.

Projet de communication audiovisuelle Soka

L'introduction de la vidéo numérique et des technologies de compression du son (mp3) dans le champ de la communication ont considérablement modifié les rapports que nous entretenons avec l'information. Cet apport s'est complété du déploiement d'un réseau électronique mondial que tous connaissent sous la dénomination de Internet.

Une révolution technologique
Les avantages de cette révolution technologiques sont nombreux et touchent toutes les sphères de l'information qu'elle soit purement personnelle ou complètement politique. Parmi les plus importants apports, l'écrasement des coûts de production sont un facteur majeur qui a permis l'éclosion anarchique et pléthorique d'un nombre délirant de canaux d'information. Cette explosion médiatique est semblable à un tsunami qui écrase tout sur son passage et noie l'ensemble des terres sous un déluge.
L'autre grand avantage majeur est l'accession à l'espace public par le simple citoyen, celui que nous appelons volontiers l'homme ou la femme ordinaire. Avec peu de faibles moyens techniques, un budget équivalent à un caddie de supermarché et un minimum de connaissances informatiques, il est possible à tout un chacun de publier sur Internet du texte, des images numériques, de diffuser du son ou encore de la vidéo. Les espaces gratuits d'exposition tels MySpace, Facebook, Youtube, DailyMotion ou autres blogs améliorés permettent à la totalité de la population connectée de partager, d'échanger et de polluer l'espace public de ses idées, déclarations, opinions...
Il résulte aujourd'hui une situation qui semble échapper à ceux qui autrefois tenaient les instruments du pouvoir, qu'ils soient institutions publiques, grandes corporations, organisations gouvernementales comme non gouvernementale. Les acteurs politiques et sociaux d'hier sont battus en brèche par de simples rumeurs, mis à mal par une désinformation chaotique et désordonnée qui transporte à la vitesse des microprocesseurs des nouvelles souvent improbables mais qui souvent comporte des accents de vérité populiste alarmants.
Ce qui ressemble à un ahurissant désordre à ceux qui ne se sont pas préoccupés de l'émergence des nouveaux canaux de communication est en fait une sphère médiatique assez simple répondant à des règles techniques précises et un périmètre d'action parfaitement identifié pour nombre de cabinets conseil et d'agences spécialisées. Ce terrain fertile est également relativement bien connu et arpenté par une frange considérable de la population connectée qui s'entraîne depuis des années au maniement de ces nouvelles technologies de la même manière que d'autres s'étaient entraînés au maniement des ordinateurs personnels de première génération ou aux téléphones portables des années 80, pesant près de 8 kilos et d'une portée relativement limitée.

De nouveaux codes de communication
Il reste donc qu'aujourd'hui, les codes de la communication ont largement changés et qu'il est contre-productif de poursuivre dans des canaux d'expression ignorés par la majeure partie de la population. C'est d'autant plus vrai lorsque l'on souhaite avoir un impact institutionnel fort comme le souhaite le mouvement Soka en France. Etre reconnu des institutions comme du public comme une religion nécessite une exposition large, profonde et persistante dans les consciences. Cela signifie aussi de s'adresser au public au travers des canaux qui leurs sont propres et non de ceux qui nous sont familiers.
La communication écrite, si importante et cruciale qu'elle soit pour l'édification d'une personnalité critique et pertinente, est devenue par la force de l'habitude une communication d'élite réservée à ceux qui savent... lire ! Que ce soit les jeunes de banlieue, les accros de l'Internet, les jeunes couples urbains diplômés ou les cadres surchargés d'heures de travail, lire est devenu un luxe pour ne pas dire une activité périphérique. La télévision, l'Internet, la vidéo à la demande, la location de DVD, la carte UGC, le baladeur audio ou même la radio ont plus d'impact en termes informatifs que la presse (y compris les gratuits dans le métro), les magazines ou les livres... Le document écrit a perdu de son impact même si sa valeur reste intact.
Nous sommes désormais dans l'ère de l'image et du son. Historiquement c'est la régression à l'époque du Moyen-Âge où la majorité des gens se fiaient exclusivement aux images pieuses pour connaître les écritures et le reste. La différence est que le clergé d'hier a été remplacé par une caste de spécialistes de la communication, de gourous de l'information... De même, les spécialistes de la communication, à l'instar les ecclésiastiques du Moyen-Âge, utilisent les images comme des armes pour atteindre les concurrents, les adversaires et les résistants... La guerre des images fait rage et elle a pour théâtre d'opération la conscience et la mémoire des individus. C'est dans la tête de chacun de nous que les obus publicitaires, les grenades du 20 heures, les mines des émissions "people" ou les radiations des "télés réalités" font leurs victimes. Et c'est dans nos têtes que se forgent les idées reçues sur le monde, sur les autres, sur la vie...

Des images et des mythes
La production des images est devenue depuis trente ans l'enjeu principal du pouvoir. Mais les images seules ne peuvent suffire à frapper les esprits et à fabriquer les mythologies de la post-modernité. En plus des images, il faut des histoires que l'on raconte et auxquelles on croit, aussi invraisemblables qu'elles puissent paraître. Ce développement inattendu de l'histoire ou plutôt des histoires s'est parfaitement illustré lors des dernières élections présidentielles avec le retour du roman national ou encore durant l'invasion de l'Irak par les Etats-unis avec le parallèle des croisades.
Cette incorporation du scénario, de l'histoire, du conte dans la fabrication des images a terminé d'en finir avec la presse et les magazines qui vivent tous des heures difficiles et permis à la télévision sous toutes ses formes d'obtenir la suprématie médiatique à tous les niveaux. La diffusion d'émissions sur des supports aussi différents que le Web, le téléphone mobile ou le poste de télévision permet à l'information de toucher tout le monde et chacun dans un temps record et sans aucun filtre de sécurité comme peuvent l'être des parents, des enseignants, des institutions. Chacun est "libre" de se forger une opinion et de tomber dans tous les pièges médiatiques possibles et imaginables.
C'est de cette manière que les tenants de la mondialisation, du capital sauvage et d'une certaine perception de la survie de l'espèce parviennent à imposer une vision du monde unique. Grâce à la portabilité et à la légèreté de la production audiovisuelle, beaucoup de francs-tireurs tentent de faire connaître des points de vue divergents et proposent d'autres romans médiatiques que le modèle dominant. Difficile désormais de bastonner le noir de service dans une gare sans voir la scène filmée avec un téléphone diffusée le soir même au 20 heures. Difficile aussi de cacher les mensonges d'armes de destructions massives derrière des fictions mal ficelées par les va-t-en guerre américains. Encore plus difficile d'empêcher la terreur et l'horreur perpétrée par des fanatiques...
La mythologie se construit sur l'imaginaire et non sur la réalité. Ainsi les spectateurs qui peuplent la planète préfèrent les romans et les fictions qui leurs sont proposées tant qu'elles conviennent à leurs conceptions étroites du monde et à l'indigence de leur culture individuelles. Mieux encore, si ces histoires viennent combler un vide ou une frustration, alors c'est le jackpot, on gagne à tous les coups. Ces histoires sont racontées en images, jouées par des comédiens et soutenues par des effets visuels renforçant la dimension mythique du monde des images.

A la conquête du monde de l'image
C'est ainsi que l'on pourrait baptiser le projet que je soumet ici. L'espace public est constitué de plusieurs canaux de communication permettant l'échange rapide de textes, d'images, de fichiers sonores et de documents filmés. Mais il faut bien admettre que le film, ou plutôt la vidéo, reste le moyen dont l'impact surpasse tous les autres par bien des aspects. Même si c'est le moyen le moins informatif de tous. Donc il s'agit, pour qui veut exister dans l'espace public, de comprendre et de prendre possession des moyens de produire des images et de leur donner un contenu efficace.
A titre d'exemple, je veux insister ici sur l'impact particulier que peut avoir la vidéo des discours du Président Ikeda projetée lors des réunions et séminaires. Un rapide sondage à la sortie de ces rassemblements permettrait de vérifier que c'est de loin la seule chose dont on se souvient avec précision si ce n'est que le sous-titrage approximatif perturbe particulièrement le visionnage. Le reste passe au second plan et nécessite, sauf cas exceptionnels, de replonger le nez dans ses notes. Il est donc dommage que la vidéo ne soit pas en français, travail de studio relativement simple et peu coûteux pour qui en a l'expérience.
Le mouvement Soka international, cette fois, a mis en ligne un film de 20 minutes relativement bien ficelé qui présente de manière sobre et rapide l'ensemble de l'action de la Soka Gakkai, de la pratique du Bouddhisme Nichiren et de l'importance de ces derniers dans un monde qui change. Elle est en anglais... évidemment.
Je crois donc qu'il est devenu nécessaire de passer à une phase plus mature de notre communication et de mettre sur pied un corpus de reportages et interviews permettant de connaître et de se familiariser avec les réalités du mouvement Soka en France. Pour cela, les moyens à mettre en œuvre sont modestes, les compétences techniques existent au sein même de l'organisation, les ressources humaines et les sujets ne manquent pas.
L'objectif premier est de permettre aux membres et futurs membres d'être en contact direct avec un support familier (l'image, la télé) et de recevoir notre message via un code identifié et accepté par tous. L'objectif second est d'exister dans l'espace public au même niveau que nos détracteurs (la presse) et de contrôler l'image que nous voulons donner de notre mouvement. En effet, c'est en occupant l'espace que cette maîtrise peut s'effectuer et non en dehors. L'objectif troisième est de disposer de moyens de production et de diffusion légers et adaptés aux nouvelles réalités de l'espace public afin de forger la culture Soka que nous appelons de nos vœux.

Les articulations du projet
Le projet audiovisuel Soka s'articule sur les points suivants :
- Groupe de production
Le groupe de production audiovisuel est constitué exclusivement de professionnels de l'audiovisuel, qu'ils viennent de la presse, de l'édition, de la diffusion ou de la production. Il est supervisé par la directrice des publications et la direction de l'ACEP. Le groupe de production a pour mission de produire et de diffuser sur les supports choisis les commandes de documents sonores et audiovisuels qui lui sont confiés. Il a aussi pour mission de maintenir une veille technologique sur les moyens de production, d'édition et de diffusion de limage et du son. Il a pour responsabilité de veiller à la bonne réalisation des documents dans le cadre strict des réglementations en vigueur dans l'industrie du cinéma et de la télévision, notamment en matière de droits d'auteurs et de droit à l'image.
- Le comité de rédaction
Le comité de rédaction est composé idéalement de journalistes et de professionnels de la production audiovisuelle. Manifestement, ce sera difficile dans les premiers temps. Sa mission sera d'organiser et de concevoir les sujets des documents audiovisuels ensuite réalisés par le groupe de production. Il ne s'agit pas ici de l'aspect artistique ou technique mais seulement de la partie contenu : thèmes, sujets, questions, entretiens, sélection des intervenants... Sa responsabilité est la constitution du discours et son intervention se fait en amont et en aval de la production. Le comité n'intervient pas dans le cours de la production.
- Le site de diffusion
Tirant profit des technologies numériques en réseau, le site de diffusion propose la diffusion d'un programme complet sur Internet en utilisant à la fois un site appartenant au mouvement Soka, mais aussi des agrégateurs de contenu haute définition comme le propose Joost (http://www.joost.com). La grille est organisée en fonction de thématiques et les émissions sont téléchargeables gratuitement. Le site propose une régie publicitaire payante aux annonceurs du monde culturel et artistique, à la sphère associative des ONG et fondations caritatives et aux éditeurs de contenus culturels. Le taux de renouvellement est trimestriel et l'idéal minimum est de 10 heures de programme, renouvelé au tiers par trimestre. Le rythme est acceptable en l'état des moyens à notre disposition.
- Une ligne éditoriale vidéo
Pour augmenter le volant de supports médias de l'ACEP, une ligne éditoriale DVD propose de retrouver les programmes vidéos diffusés précédemment en qualité DVD. Les programmes peuvent être accompagnés de suppléments en images (expos, conférences, voyages d'étude, etc.) ou en texte (ouvrages de référence, fascicules, etc.). Cette ligne éditoriale propose une livraison de 8 à 10 titres à l'année sur toutes les thématiques choisies par le comité de rédaction.

Les contenus audiovisuels entrent dans les catégories suivantes :
- Emission thématique : vie et pratique quotidiennes - 26 mns
- Emission thématique : principes bouddhiques - 26 mns
- Etude : histoire du bouddhisme - 26 mns
- Etude : lettres de Nichiren - 52 mns
- Actualité : l'action de la SGI - 13 mns
- Documents : l'histoire de la Soka Gakkai - 26 mns
- Documents : les conférences - 52 mns
- Entretiens - 52 mns
- Reportages - 13, 26 ou 52 mns

Ce projet a été émis bien avant l'arrivée d'un portail généraliste sur le bouddhisme en France, le BuddhaChannel.

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