Second souffle pour la coalition PLD-Nouveau Komeito

Ces dernières semaines ont été le théâtre de rebondissements dans la vie politique japonaise. Alors que la coalition au pouvoir constituée de l'indétrônable Parti Libéral Démocrate et du petit mais dynamique Parti du Nouveau Komeito connaissait des jours sombres et une chute remarquable dans tous les sondages, la découverte d'un nouveau scandale financier est venu donner un coup de pousse au gouvernement pourtant très essoufflé de Taro Aso.
Cette année s'organisent plusieurs consultations électorale, et non des moindres, au Japon. Plusieurs élections d'assemblées préfectorales (l'équivalent de nos conseils généraux), une élection législative et les élections de la conurbation de Tokyo pendant l'été. Depuis des mois, l'opposition représentée essentiellement par le DPJ (Parti Démocratique du Japon) et par son leader de poids, un ténor de la vie politique japonaise, Ichiro Ozawa, a mené une campagne très active au niveau local et terriblement efficace, mettant à mal les élus de la majorité toutes tendances confondues.
La chute de la cote de popularité de Taro Aso, de son gouvernement et de son parti est venu s'ajouter à une situation économique difficile, à une récession historique au Japon, et à quelques notes discordantes dans le discours tant sur les problématiques domestiques que sur les relations internationales de la part du chef du gouvernement, le premier ministre Taro Aso. Cette conjonction a joué en faveur de l'opposition et d'un sentiment de fatigue de l'électorat japonais qui, malgré une certaine anémie culturelle en matière de positions politiques, commence à se demander si une alternance ne serait pas une bonne chose.
C'était sans compter avec la spectaculaire aptitude du monde politique japonais à faire exploser des scandales dans les moments opportuns. En Mars dernier, après une campagne victorieuse sur tous les fronts, le premier secrétaire du bureau politique de M. Ozawa, M. Takanori Okubo a été mis en examen pour avoir accepté des fonds de soutien d'un grand groupe du BTP, Nishimatsu Construction Co, qui a déjà à son actif plusieurs tentatives de corruption. Cette mise en examen vient s'ajouter à une prise de position conservatrice, voire féodale, de M. Ozawa sur le gouvernement qu'il viendrait à mettre en place le cas échéant.
A l'heure actuelle, le Japon connaît une crise politique grave dans laquelle la coalition au pouvoir contrôle la chambre basse de la Diet, et ou la coalition d'opposition menée par le DPJ contrôle la chambre haute. Cette situation rend compliquées toutes formes d'actions législatives et retarde considérablement les transformations sociales qui apparaissent comme nécessaires pour faire face aux défis nouveaux auxquels le pays est confronté comme le chômage des jeunes, la récession économique, la baisse de performance de l'industrie, etc. Car si le Japon ne fait pas les gros titres en matière de crise financière, il n'en est pas moins durement atteint avec pour désavantage de se trouver aux portes de la Chine avec lequel les relations ne sont pas si faciles malgré les efforts de nombreux diplomates et personnalités régionales.
Avec la démission de Ichiro Ozawa de la direction du DPJ et du coup l'éviction de ces principaux collaborateurs, ce sont des nouveaux venus qui sont pressentis pour reprendre les rênes d'une campagne de conquête du pouvoir et la tête d'une coalition d'opposition qui ne démord pas de son objectif premier : l'alternance. Ce coup de théâtre donne un coup d'arrêt à l'érosion de la politique du cabinet Aso et de la coalition PLD-New Komeito. Mais il ne garantit en rien une victoire confortable pour cette dernière aux prochaines élections.
Il faudra aux députés du PLD et du Nouveau Komeito plus de dynamisme, des mesures de relance plus forte et surtout un véritable engagement politique tant intérieur que sur la scène internationale pour éclipser définitivement l'espoir de l'alternance et de changements promis par l'opposition. Car c'est sur cet axe que s'inscrit encore l'élan du DPJ et de ses alliés : en finir avec la corruption par les grandes corporations industrielles, avec une certaine forme d'aristocratie familiale en politique et avec un immobilisme politique et social avéré.
Il est à craindre que ce énième scandale politico-financier ne conforte la coalition au pouvoir dans l'idée d'une partie gagnée d'avance. La prudence et le parti du moindre risque pourraient bien se retourner contre la coalition au pouvoir et renverser le gouvernement Aso.

Sources : Yomuri Online, Japan Times, Mainichi Daily News, Kyodo news, Economist.com

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