Japon : défaite du PLD, recul du Komeito

Tous les chiffres le confirment, le DPJ emporte une très large victoire aux élections de la chambre basse ce dimanche. Le système d'attribution proportionnel des sièges amplifie d'autant la défaite du PLD qui voit son nombre de sièges passer de 300 à 119. Ce n'est pas une surprise, sinon celle de voir que le DPJ disposera d'une majorité solide pour gouverner, avec à sa tête le leader du parti, Yukio Hatoyama et en coulisses, le leader déchu, Ichiro Ozawa. Le premier ministre sortant, Taro Aso accuse le coup mais ne peut que s'incliner devant l'impact de l'alternance politique. Il paye le prix d'une politique molle, floue et sans réelle stratégie ni internationale, ni à moyen et long terme.

Mais le véritable perdant de cette élection est le Nouveau Komeito, qui perd seulement 10 sièges, soit 1/3 de sa représentation à la chambre basse. Ce qui est plus dur à encaisser est la perte probable de sièges importants défendus par les ténors du parti. Nous connaîtrons dans les jours qui viennent les pertes véritables pour le Nouveau Komeito, mais il apparaît d'ores et déjà qu'une révision de sa politique propre et de son discours sont certainement à revoir afin de récupérer la confiance d'une partie de son électorat flottant. Car ce recul net mais limité n'est dû qu'à la force de mobilisation de la Soka Gakkai qui forme une très large part des électeurs du parti "propre".

En dépit d'un discours construit et relativement pragmatique (j'ai publié ici le lien vers le manifeste du parti), le Nouveau Komeito, qui espérait encore il y a quelques jours conserver ce 31 sièges, n'a pas su gagner une stature nationale et faire la démonstration d'un discours capable de rassembler sur les sujets qui préoccupent les japonais : emploi, pouvoir d'achat, sécurité sociale, politique internationale. Les défaites et déboires personnels des chefs de file du Komeito accentue ce tableau dans lequel on sent le manque de sang neuf, de renouvellement des élites, et de régénération du monde politique japonais.

Le DPJ l'emporte, plus sur le ras-le-bol que sur une réelle adhésion, plus sur le fait de changer d'équipe que la volonté de changement social. Le nouveau premier ministre, Yukio Hatoyama devra maintenant faire la démonstration que sa vision, sa stratégie et sa vigueur seront au rendez-vous que lui donnent les électeurs japonais et tout particulièrement les générations les plus jeunes qui restent largement occultées, reléguées de part des systèmes traditionnels qui donnent la part belle à l'ancienneté, à l'esprit de corps et à la cooptation. Que l'on ne s'y trompe pas. Ce n'est nullement la victoire d'un projet nouveau ou d'une autre conception sociale et économique du Japon. Cette élection est seulement, du moins pour l'instant, la défaite du PLD et de son immobilité face à une mondialisation dans laquelle la classe politique japonaise n'a pas su s'adapter.

Dans ce nouvel échiquier, le Nouveau Komeito conserve une place importante car il représente toujours la troisième formation politique en terme de sièges et que sa présence locale continue d'être très forte. Il est temps pour le petit parti bouddhiste de réévaluer sa stratégie et surtout de faire amande honorable en proposant un autre visage d'une politique largement inspirée par le mouvement bouddhiste japonais, Soka Gakkai. Cela passera sans doute par l'application d'une maxime de son président, Daisaku Ikeda : "Place aux jeunes". C'est du moins ce que le DPJ a su faire dans de nombreuses circonscriptions et ce qui lui a valu un succès sans appel.

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